75 ans du Musée d'Art Moderne de Céret

Le Musée d'Art Moderne de Céret célèbre ses 75 ans en mettant en lumière les relations qu'il a nouées avec les artistes au fil des décennies, à travers une exposition qui revient sur cette histoire d'échanges, de dons et de commandes qui ont façonné son identité. Sous le titre 75 ans d’amitié : les artistes et le musée, l’exposition explore comment le musée est devenu un point de rencontre et de collaboration entre des créateurs de différentes générations.

Inaugurée aujourd'hui et ouverte jusqu'au 16 novembre 2025, l'exposition, commissariée par Jean-Roch Dumont Saint Priest , directeur du musée, et Aude Marchand , responsable des collections, nous invite à voyager à travers plus de soixante œuvres d'artistes fondamentaux tels que Pablo Picasso , Marc Chagall et Henri Matisse . Ces personnalités clés ont contribué activement au développement du musée, par leur engagement et par les œuvres qui, en plus d’être exposées, ont été un témoignage vivant de leur relation étroite avec le musée. Nombre de ces artistes ont offert des œuvres de grande importance dans les années 1950.

La mappemonde, Valentine Prax. © Adagp, Paris, 2025

L’une des particularités de la collection du Musée d’Art Moderne de Céret est qu’elle repose sur une amitié de longue date avec des artistes qui, depuis le début du XXe siècle, ont trouvé en Roussillon un contexte créatif qui traversait les frontières et reflétait l’esprit méditerranéen. Dès les années 1910, des figures marquantes de l'avant-garde trouvent à Céret un espace de liberté et de création, dans une atmosphère de rencontre entre Paris et Barcelone. Depuis l'arrivée de Picasso et de Georges Braque en 1911, de nombreux autres artistes aux carrières remarquables ont décidé de travailler dans la ville. L'attrait de cet espace ne vient pas seulement de la beauté du paysage et du climat méditerranéen, mais aussi de sa richesse culturelle et de l'authenticité du lieu, qui ont forgé une identité unique.

Lors de l'inauguration du musée, Henri Matisse répond à l'appel de Pierre Brune, premier directeur de l'institution, avec treize dessins réalisés durant sa période fauve. L'année de sa mort, en 1954, Matisse complète cette donation avec l'une de ses œuvres les plus emblématiques : Grande Tête de femme, qui deviendra une pièce maîtresse de la collection.

Grande tête de femme, Henri Matisse (1945).

Entre 1950 et 1986, les premiers directeurs du musée furent des artistes proches des peintres et sculpteurs ayant résidé à Céret. Grâce à eux, le rêve de Pierre Camo , le poète céretois qui, dans les années 1930, avait imaginé un musée dans la ville, est devenu réalité. Des artistes comme Matisse l'avaient fait auparavant, ont répondu à l'appel de Pierre Brune pour contribuer à ce projet. Dans les années 1970, des noms comme Claude Viallat et Vincent Bioulès établissent un lien particulier et durable avec le musée, à une époque où peu d'institutions soutiennent les jeunes créateurs.

Abstraction, Auguste Herbin (1939). © Adagp, Paris, 2025

Depuis 2000, le musée a approfondi son engagement envers l'art contemporain du sud de la France et de Catalogne, avec une solide politique d'expositions et de dons, dont certains de grande envergure. L'exposition célèbre également l'objectif du musée de continuer à être une plateforme pour l'art contemporain, en maintenant des liens avec les nouvelles générations d'artistes tels qu'Anne -Marie Pêcheur , Hervé Fischer , Toni Grand et Tom Carr . En effet, à partir du 1er mars 2025, le musée présente un nouveau parcours permanent pour sa collection contemporaine, qui comprend sept sections qui jalonnent le passage de la visite, offrant une nouvelle vision des grands défis de l'art des années 1960 à nos jours. Les visiteurs pourront redécouvrir des expositions d’avant-garde au musée et approfondir des trajectoires marquantes, comme celle du groupe Supports/Surfaces. L’exposition réfléchit également sur le rôle de la nature, l’environnement artistique local, la fécondité de la peinture après Matisse et l’énergie de la scène catalane contemporaine.

Cette exposition célèbre donc non seulement le passé et l'histoire du musée, mais réaffirme également son rôle de centre singulier dans le panorama de l'art contemporain, en maintenant vivant le dialogue entre les créateurs, la Méditerranée et le patrimoine culturel local.

Du simple au double, Toni Grand (1993). © Adagp, Paris, 2025. M.Garcia