Brutal/Feral est une proposition qui confronte deux visions architecturales et urbaines à un moment clé pour l’avenir des villes. L'exposition, commissariée par Andrés Hispano avec la collaboration d' Ingrid Guardiola , réunit les œuvres de Marcel·lí Antúnez , Marta Bisbal Torres , Albert Coma , ISSA (École insulaire d'autonomie sociale) , Laura Lio , Dani Montlleó et Txema Salvans , établissant un dialogue entre deux perspectives apparemment opposées.
Alors que le brutalisme se caractérise par la rigidité du béton, de grands blocs architecturaux et un modèle urbain basé sur la propriété et la sécurité, feral explore l’intégration de l’espace urbain avec la nature, les ruines et des formes d’habitation plus organiques. Un exemple clair de cette architecture peut être observé dans les villes partiellement abandonnées, où la végétation et la faune ont progressivement repris possession de l'espace, comme le vieux quartier de Pripyat en Ukraine ou certaines zones de Détroit, où la nature a colonisé des bâtiments désaffectés. De même, le sauvage se manifeste dans des initiatives urbaines contemporaines, telles que la transformation des infrastructures en parcs urbains, à la manière de la High Line à New York ou du Parc de les Glòries à Barcelone, qui privilégient la biodiversité en milieu urbain. Cette approche devient particulièrement pertinente dans le contexte de la crise climatique, qui nous oblige à repenser la relation entre les personnes, les villes et l’environnement.
Salvaxe, salvaxe, Emilio Fonseca (2024)
Cette exposition ne se limite pas aux espaces d’exposition, mais s’étend également aux espaces publics et comprend un programme d’activités complémentaires, telles que des projections, des présentations de livres, un séminaire et des visites guidées. Parmi les œuvres remarquables figurent les installations vidéo de Marta Bisbal, qui explorent la présence du brutalisme dans le cinéma ; la tour des déchets et des objets d’Albert Coma, qui réfléchit sur les déchets et la mémoire collective ; et l'installation photographique de Txema Salvans, qui analyse les paradoxes de l'habitabilité urbaine. De même, il sera possible de voir comment certaines villes ont incorporé des structures sauvages, comme la réutilisation d'usines désaffectées pour les transformer en espaces communautaires, comme le Casal de Barri Pou de la Figuera à Barcelone, ou l'utilisation d'espaces abandonnés comme jardins urbains à Berlin. Un autre point fort sera l’installation interactive de l’ISSA, qui invite les spectateurs à imaginer de nouveaux modèles de logement basés sur la collaboration et l’autogestion. Cette proposition s'inspire d'expériences réelles, telles que les communautés autogérées de Christiania à Copenhague ou le quartier de Can Batlló à Barcelone, exemples d'architecture spontanée et participative qui se développe en dehors de la planification institutionnelle.
Brutal/Feral, qui ouvre aujourd’hui et peut être visité jusqu’en mai, fait partie du cycle De rerum natura, qui propose un regard critique sur la manière dont nous voulons construire les villes du futur. Dans ce cadre, des ateliers pédagogiques destinés aux étudiants en architecture et en urbanisme seront organisés, dans le but d'explorer de nouvelles formes d'intervention dans l'espace public. Les visiteurs pourront également participer à des visites guidées d'espaces urbains de Gérone qui illustrent ces deux visions architecturales, comme la Délégation Fiscale, représentative du brutalisme, et les espaces naturels récupérés autour de la rivière Onyar, qui illustrent une approche plus sauvage de l'urbanisme.
Natura Centrum Est, Rua acció-participativa, Marcel·lí Antúnez