Max Ernst : entre art et cinéma

La frontière entre art et cinéma, s'il y en a une, est complètement estompée dans l'exposition organisée par le Círculo de Bellas Artes : « Max Ernst : Surréalisme, Arte y Cine ». Il s'agit d'une immersion dans la vie et l'œuvre de l'un des grands maîtres de l'avant-garde européenne, et cela à travers le lien entre l'œuvre d'Ernst et le septième art. Organisé par Martina Mazzotta , historienne de l'art, écrivain et chercheuse au Warburg Institute de Londres et Jürgen Pech , ancien conservateur du musée Max Ernst de Brühl, l'exposition explore une relation jusqu'alors peu discutée entre l'artiste et le monde du cinéma, un dialogue toujours présent.

Le Círculo de Bellas Artes s'associe ainsi à la célébration du centenaire du manifeste surréaliste avec cette exposition qui peut être visitée jusqu'en mai et qui rassemble l'héritage artistique de Max Ernst (Brühl, 1891- Paris, 1976), le positionnant comme une figure fondamentale dans la création du langage visuel qui a transformé le 20e siècle.

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Ernst était peintre, sculpteur, dessinateur, graphiste, poète et théoricien de l'art, et il n'a jamais cessé d'expérimenter. Ces dernières années, des conservateurs du monde entier se sont penchés sur les œuvres et créations moins connues d'Ernst, révélant de nouvelles perspectives à la fois historiques et théoriques. Le peintre se présente ainsi comme un intellectuel interdisciplinaire, constamment inspiré par les grands maîtres du passé, mais aussi comme un créateur novateur qui a élargi les possibilités de l'art de son temps. L'exposition est composée de près de 400 pièces, parmi lesquelles peintures, sculptures, collages, frottages, livres illustrés, photographies et films, articulées de manière à créer un réseau de connexions et de parallèles afin de montrer son influence constante sur le cinéma. le surréalisme et la culture visuelle d'une grande partie du 20e siècle.

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Ces influences sont déjà perceptibles avec les deux tableaux du début de l'exposition : une noix transpercée de fers et un œil percé, éléments oniriques et inquiétants, toutes deux œuvres datées de 1922, deux ans avant la publication du Manifeste surréaliste et sept ans avant Un perro andaluz de Buñuel.

Ce type d'assemblage entre film et peinture n'est pas seulement un fait accidentel, mais une constante tout au long de sa carrière, et constitue l'un des points les plus intéressants de l'exposition, qui parvient à établir ces parallèles entre peinture et cinéma, établissant une communication directe entre le deux disciplines. Ernst, qui a débuté comme dadaïste et s'est intégré au surréalisme, a profité de son lien avec le cinéma pour élargir les possibilités de son langage visuel. Il a participé activement à l'évolution du cinéma, au-delà d'être acteur, il a été membre de jurys cinématographiques et même créateur de récompenses. Dans l'exposition, vous pourrez également voir ses liens avec des personnalités telles que Henri Gruel, Jan Švankmajer et Roman Polanski , ainsi qu'une sélection de films inspirés par son œuvre, comme les courts métrages de Buñuel et Dalí , ou les films de Hans Richter, Peter Schamoni et Jean Desvilles .

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Pionnier de la technique du frottage, les formes organiques et biomorphiques qu'il crée avec cette technique inspirent tout un univers de personnages et de situations qui rappellent les fossiles et sont étroitement liés à un monde onirique. Mais le plus intéressant est peut-être la façon dont l’exposition nous invite à repenser la vie d’un artiste qui a non seulement expérimenté des techniques et des formats, mais a vécu dans un contexte d’expérimentation et de transformation constante. Son œuvre, très puissante visuellement, a marqué une étape du surréalisme mais aussi de la culture visuelle contemporaine, façonnant une pensée critique fondamentale de la modernité.

En fin de compte, « Max Ernst : Surrealismo, Arte y Cine » offre un aperçu rare de l'artiste et ouvre une fenêtre sur la façon dont le cinéma et l'art se sont influencés au fil des décennies, créant une relation symbiotique toujours d'actualité. Max Ernst a été peintre toute sa vie, mais il est devenu un créateur de réalités multiples, une figure qui a grandi grâce à l'expérimentation et à la liberté créative.

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