Infralocus : le Gérone irrévérencieux des années 90

L'exposition 'Infralocus. Les années 90 à Gérone, une décennie de 20 ans est un regard rétrospectif et c'est aussi un hommage à une Gérone rebelle, active et riche culturellement qui a grandi en dehors des circuits officiels. Organisée par Eudald Camps et Jordi Mitjà , cette proposition est présentée dans différents espaces de la ville d'aujourd'hui jusqu'en février, montrant une Gérone en pleine effervescence créative et vindicative.

La Gérone des années 80 et 90 s'est ouverte au monde avec un élan créatif qui s'est manifesté dans toutes les sphères de la vie urbaine, mais qui, paradoxalement, a été souvent laissée à l'écart du discours institutionnel. Des quartiers périphériques jusqu'au cœur du vieux quartier, des groupes artistiques et sociaux ont promu des propositions qui échappaient aux réglementations officielles, donnant forme à un écosystème culturel alternatif et dynamique. « Infralocus » met en lumière cette pluralité et montre comment le mélange de l'art et de la vie crée des espaces d'expression sans barrières.

Chacun des espaces d'exposition offre une perspective de cette réalité. À Bòlit_LaRambla , les œuvres exposées nous racontent la culture qui a pris vie aussi bien dans le centre-ville qu'à la périphérie, avec des témoignages de mouvements comme l'occupation, le hip-hop et les graffitis qui ont marqué l'esprit de ces années-là. Dans l'espace Bòlit_PouRodó , vous pourrez voir les créations picturales d'artistes éminents des années 90, tels que Montserrat Costa, Quim Corominas, Pere Noguera, Pep Camps, Maria Àngels Feliu et Lluís Hortalà.

Manifestació contra l'OTAN a Girona, Joan Comalat

Au Bòlit_StNicolau , on recrée l'intense vie nocturne de Gérone de cette époque, où des lieux comme la Sala del Cel et le Nummulit sont devenus des scènes d'expression culturelle et de rassemblement social. Dans cet espace, vous pourrez également voir des objets uniques et du matériel graphique, comme l'affiche originale du bar El Cercle ou des publications inédites qui ravivent l'atmosphère hétérogène de la nuit de Gérone. Enfin, au Musée d'Histoire de Gérone , l'exposition plonge dans le panorama social et vindicatif de ces années, en mettant l'accent sur les luttes pour les droits sociaux, la liberté et l'égalité. L'espace rassemble des œuvres de créateurs tels que Enric Ansesa, Manel Bayo, Cesc, Joan Casanovas, Jordi S. Carrera, Roser Oliveras et Dan Reisinger , en plus d'une vaste collection d'affiches, de photographies et de zines documentant les mobilisations d'une époque où la lutte contre la guerre, le pacifisme, l’environnementalisme et les droits LGBTI sont descendus dans la rue.

« Infralocus » se définit comme une exploration archéologique contemporaine et s'éloigne en même temps des hiérarchies entre différentes expressions culturelles, brisant la barrière entre culture haute et basse et prônant ce que l'on définit comme « culture élargie », cette utopie avant-gardiste pour faire de l'art un élément indissociable de la vie quotidienne et comprendre que la créativité a émergé au-delà des musées.

Dans ce contexte, la fresque emblématique d'El Foll, rue Nou del Teatre, populairement connue sous le nom de « Carrer dels Torrats », a été restaurée dans le cadre du programme « Infralocus ». Cette œuvre, peinte par Lluís Hereu et Joan Anton Palau dans les années 90, est devenue une icône de l'esprit contestataire de l'époque. Malgré l'usure progressive au fil des années, le week-end dernier, les artistes Pep Admetlla et Jordi Amagat lui ont donné une nouvelle vie, en lui redonnant sa présence dans les rues de Gérone. Cette intervention fait partie d'un vaste programme d'activités prévues pour les mois à venir, visant à retrouver le pouls créatif et anticonformiste de cette Gérone.

[fichier2636]