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Des expositions

Hélène Delprat et "Le souvenir des batailles perdues" au Musée Picasso de Barcelone

Hélène Delprat et "Le souvenir des batailles perdues" au Musée Picasso de Barcelone
bonart barcelone - 08/06/23

Le Museu Picasso Barcelona présente pour la première fois une exposition de l'artiste contemporaine Hélène Delprat, sous le titre El souvenir de les batailles perdues. L'exposition, qui ouvre officiellement au public le vendredi 9 juin, peut être visitée gratuitement jusqu'au 24 septembre 2023 dans les salles d'exposition du rez-de-chaussée. Le Musée poursuit ainsi sa volonté de proposer une proposition d'exposition oscillant entre l'œuvre et l'héritage de Pablo Picasso et des expositions anthologiques d'artistes contemporains comme Carmen Calvo ou Hélène Delprat. Le Musée a tenu aujourd'hui la conférence de presse de présentation de l'artiste, Hélène Delprat, et du directeur du Musée Picasso, Emmanuel Guigon.

Artiste pluridisciplinaire et inclassable, il vient de recevoir le prix de la Fondation Simone et Cino Del Luca sur proposition de l'Académie française des beaux-arts pour son parcours artistique. Hélène Delprat est très sensible aux enjeux identitaires et mémoriels dans ses œuvres qui prennent la forme de peinture, de sculpture, d'installation et de photographie. Il y crée tout un imaginaire personnel et en même temps combatif qui se déploie non seulement à travers ses peintures et ses objets, mais surtout avec les titres de chaque pièce, qui sont l'axe central de l'œuvre : « Mes titres ils ne décrivent jamais ce qui est vu, mais plutôt surgir de l'inconscient." Son soin dans le choix des mots réside dans la nécessité de replacer le spectateur dans un contexte lui conférant un savoir, qui culmine dans le registre artistique et plastique. Sa proposition est donc essentiellement textuelle et précède les décisions plastiques de Delprat : "Je suis conservateur du musée des titres", a-t-il annoncé aujourd'hui lors de la conférence de presse.

Le souvenir des batailles perdues est le titre d'une de ses oeuvres, c'est celui de l'exposition qui accueille le Musée Picasso et résume aussi une partie fondamentale de sa philosophie, qui est la lutte constante, jour après jour, de l'être humain rester digne, libre et fidèle à sa volonté : « Exposer au Musée Picasso a été un certain combat pour ne pas succomber à l'œuvre de Picasso, le plus grand artiste du XXe siècle. Picasso est pour Hélène un stimulant moteur de lutte et est aussi son ennemi artistique. Lors de la conférence de presse, Hélène Delprat a déclaré qu'elle est "une artiste jalouse de Picasso".

Deux salles d'exposition : La guerre et la bataille

L'exposition Hélène Delprat. Le souvenir des batailles perdues est réparti dans les deux salles du rez-de-chaussée du Musée Picasso et compte 21 pièces, ainsi qu'une fresque composée de rebuts et de dessins réalisés in situ. Il se compose de peintures grand format, d'art vidéo et d'objets de différentes tailles et matériaux.

La première des salles (Salle de la Mecque) qui composent l'exposition d'Hélène Delprat s'articule autour de sa conception de la guerre : « Née dans le nord de la France, en Picardie, j'ai vu de nombreux cimetières militaires. J'ai souvent parcouru ces grands espaces de croix blanches , ces champs de mort au combat qui m'ont toujours bouleversé." C'est grâce à l'invitation qu'elle a reçue du Musée Picasso qu'Hélène Delprat réalise que la guerre est un thème récurrent dans toute sa production artistique. L'art vidéo Mourir à Madrid est la pièce principale et à partir de là, et en prenant la guerre civile espagnole comme exemple, l'artiste développe et examine les agents, les victimes et les conséquences du conflit de guerre. L'une de ses obsessions évidentes est la revendication des reporters de guerre comme ces véritables guerriers de la vérité et c'est pourquoi il s'accroche à des personnalités telles que la journaliste, écrivaine, interprète et militante antifasciste catalane Marina Ginestà ou l'actrice, productrice et réalisatrice française , Nicole Stéphane, qui a réalisé le pendant documentaire de la pièce audiovisuelle d'Hélène Delprat. C'est la mémoire et le témoignage de Nicole Stéphane qui inspirent l'artiste à réfléchir sur les combats. Pourtant, Hélène Delprat joue avec les informations documentaires et y ajoute des références ludiques comme des personnages fantastiques tirés de contes pour enfants : Le loup féroce (Le grand méchant Loup), des drapeaux, des armures ou des épées : « Bien que dans mon cas on ne devine pas grand-chose, l'Histoire est présent dans mon travail". Ce contraste se retrouve tout au long de son œuvre, où la gravité des événements se conjugue à la légèreté de ses drôles de figures et de smileys. Elle est concrète, par exemple, avec le tableau grand format intitulé Et massacraré.

C'est dans la deuxième salle de l'exposition (Sala Mauri) qu'Hélène Delpratre produit des éléments purement guerriers à l'aide de céramiques et de peintures dorées (épées, reliques, trophées, sculptures, monuments...) et les sépare de leur signification symbolique et se concentre uniquement sur L'object. Ils cessent soudain d'être transcendants dans cette installation intitulée Conversation avec une table qui occupe tout le centre de la pièce. Les peintures murales de cette salle fonctionnent également de cette manière : à partir d'un événement de guerre qu'elle introduit à travers le titre (La Bataille de San Romano Camuflada ou Je n'aime pas beaucoup Guernica) et sur ce fond elle peint la tristesse de la des faits avec des touches d'humour : "Je n'ai pas de prédilection pour le drame mais j'aime parler du sérieux des choses." Selon Hélène Delprat, la guerre est un événement tellement flagrant qu'elle est la seule chose qui "doit nous faire arrêter et nous impliquer". C'est ainsi qu'il apporte de la légèreté à son travail d'artiste et qu'il renonce à l'aspect curatif de l'art.

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