Hélène Cixous et son texte El riure de la Medusa , publié en 1975, sont la colonne vertébrale de la nouvelle exposition Bòlit sur la monstruosité, l'identité et le genre. Plus qu'une exposition, Mon corps connaît des chansons inouïes, la chair dit à voir, je suis une chair spacieuse qui chante est le pré-titre d'une recherche collective menée par des penseurs et des artistes d'âges et de domaines différents. Organisé par Ingrid Guardiola et Marta Segarra, avec des œuvres de Laia Estruch, Forough Farrokhzad, Maria Isern, Marina Núñez, Txe Roimeser, Jara Rocha, Femke Snelting, Mireia Trias et Hélène Cixous, il peut être apprécié du 10 février au 30 avril à Bòlit_PouRodó et Bòlit_St Nicolau.
Dans un espace très littéraire, avec des œuvres qui dialoguent entre elles, on retrouve le corps et la voix comme protagonistes. On pense aux sorcières, aux sirènes, à Méduse, au corps malade... aux femmes monstres comme réponse à l'imaginaire masculin et binaire. Image et voix se croisent dans différentes installations qui invitent à repenser la beauté, le désir et le rapport au même corps et à celui de l'autre. Qui sont les femmes monstres ? Comment se façonnent ces réalités marginales et quel sens leur donnons-nous ? ce qui est monstrueux Qu'en est-il des paramètres patriarcaux étroits dans lesquels les identités sont construites ? Avec ces questions et d'autres, l'exposition met devant le public des pièces qui nous parlent d'histoire, de théorie ou de témoignage personnel.
Les propositions des artistes passent par l'essai vidéo, le documentaire, la performance , la lecture et l'installation d'archives numériques en voie de croissance et de mutation. On revisite des œuvres passées, comme La Maison est noire , seule œuvre cinématographique de l'Iranien Forough Farrokhzad, de 1962, qui montre la vie dans une lèpre, mêlant poésie et documentaire. De nouvelles pièces sont également présentées, comme le cas de Mireia Trias et Maria Isern avec Del peix a l'espina , un essai vidéo sur le corps anorexique et la relation avec l'amour, la faim, le désir et le corps. De même, on retrouve des travaux en cours, comme x, y, z : Volumetric Regimes , de Possible Bodies (Jara Rocha et Femke Snelting), une recherche technologique et transféministe sur la relation entre la représentation du corps, la gestion du pouvoir et ses implications politiques.
Le tout accompagné d'une série d'activités qui permettront de remettre en contexte et de repenser ces identités subalternes. Plus d'une douzaine de jours durant lesquels on retrouve des visites guidées, des performances , des ateliers, des projections, des tables rondes... même une leçon de maître par Hélène Cixous avec la Chaire Ferrater Mora de l'Université de Gérone. Tout un ensemble de réflexions pour aborder un moment où le débat sur l'identité et le genre devient plus que jamais d'actualité.