L'espace numérique a fait irruption comme support dans le monde de la publicité, il y a quelques décennies, avec le même élan que la rue s'est transformée à partir de la seconde moitié du XIXe siècle en support idéal de l'affiche publicitaire, un format qu'elle devenir un instrument exceptionnel de revendication pour de nombreux artistes. La période de 1860 à la Première Guerre mondiale est sans conteste l'âge d'or de l'affiche commerciale. Et Paris, son centre névralgique d'où ont émergé les grandes tendances et où sont arrivés illustrateurs et artistes prêts à réussir à l'international. Dans la capitale française, on pouvait respirer l'art, la vie et la luminosité.
L'affiche de la fin du XIXe siècle est un grand représentant du sens hédonique de la consommation de ces années-là. Son efficacité repose sur l'aptitude au spectaculaire, le charme des images et le talent personnel. Les artistes réalisent des commandes publicitaires : dessins d'affiches mais aussi étiquettes et calendriers, entre autres supports. Dans la transition du XIXe au XXe siècle, la Catalogne a vécu avec intensité cette effervescence artistique appliquée au monde de la publicité. Ainsi, d'un point de vue créatif, de nouveaux airs du Modernisme européen sont entrés qui, bien que sous des dénominations différentes – Modern Style, Sezession, Liberty, Art Nouveau…–, participaient aux mêmes principes et idéaux. C'était, en somme, une autre façon de voir et d'interpréter le monde en général, et l'art en particulier, avec un regard globalisant et une ouverture idéologique et esthétique qui pontifiait le concept de modernité et qui proposait une vision intégrative de toutes les manifestations artistiques : l'architecture , sculpture, artisanat d'art..., avec des lignes courbes comme élément majeur d'identification.
Dans les dernières années du XIXe siècle, des concours et des expositions ont commencé à populariser l'art de l'affiche. Des marques aussi illustres que Anís del Mono, Codorníu et Cigarrillos París étaient associées aux noms d'artistes d'une certaine estime. Dans cette volonté d'intégrer de nombreuses expressions artistiques, le postérisme est entré fortement en Catalogne par deux voies : d'Angleterre, où Alexandre de Riquer avait séjourné et où il l'a découvert grâce aux Préraphaélites, et de France, par Ramon Casas avec le Paris de la lumière. , glamour et modernité.
L'affiche était donc un argument de poids pour rapprocher les artistes du monde de la publicité. L'environnement, les circonstances et la conjoncture favoriseraient la réussite du binôme art-publicité. La technologie lithographique a permis de réaliser de grandes impressions d'affiches de grands formats et de couleurs colorées. Par ailleurs, nombre de ces artistes, attirés par le nouveau médium d'expression ou par l'argent que rapporte la publicité – ou les deux – se consacrent avec enthousiasme à l'art de l'affiche, puis à toutes sortes de dessins publicitaires.
La liberté de création de l'affiche était bien supérieure aux possibilités offertes par les annonces presse, conditionnées à une rubrique et sans possibilité d'inclure des illustrations. Les affiches, avec des lettres peu nombreuses et bien visibles, facilitaient l'accès à l'information dans une société peu alphabétisée. Cependant, la vérité est que les artistes sont entrés dans le monde de la publicité sans aucune base théorique ni connaissance du secteur. Ils agissent librement et spontanément, mais sans démarches publicitaires plus ou moins professionnelles, ce qui explique que ces artistes disparaissent peu à peu de l'horizon publicitaire, à l'exception des dessinateurs de magazines, qui peuvent illustrer à la fois un dessin animé et une publicité.
Le développement des agences et la professionnalisation de l'activité publicitaire éloignent les artistes de ce secteur. L'affiche de propagande, au contenu politique et idéologique, a donné de nouvelles opportunités au monde de l'art. Cela, cependant, est une autre histoire.