Le Centre d'art La Panera présente l'exposition Mireia Sallarès du 5 mars au 22 mai. Avoir une histoire, avoir une responsabilité dans les soins de Joana Masó.
Mireia Sallares. Avoir une histoire, avoir une responsabilité met en dialogue deux projets de Mireia Sallarès, à travers la notion d'histoire potentielle et les formes de responsabilité qui y sont engagées. Comme le suggère la chercheuse en photographie et écrivaine Ariella Aïsha Azoulay, l'histoire potentielle est un exercice de désapprentissage de l'histoire telle qu'elle nous a été transmise, d'effacement de ces expériences qui lui ont résisté : celles qui se sont passées, mais pas tant qu'on ne pouvait qu'oublier parce qu'elles ne nous a pas fait savoir qu'ils existaient.
Les personnes qui s'intéressent à l'histoire potentielle ne sont souvent pas des spécialistes du passé dont elles parlent. Ce sont eux qui veulent impliquer leur expérience dans ce qu'ils racontent et dans notre présent. Ce désir d'une autre histoire qui ne nous a pas encore été racontée et dans laquelle nous voulons impliquer notre voix est ce qui relie l'entretien filmé que Mireia Sallarès a fait avec la cinéaste américaine Jill Godmilow, en 2013, avec le film Film sur le psychiatre catalan exilé en France Francesc Tosquelles, réalisé en 2021. Dans les deux projets, Mireia Sallarès est liée à des problèmes initiés et entretenus par d'autres. Dans le cas de Jill Godmilow, la volonté de s'impliquer dans la diffusion de films politiques, même dans les limites de l'illégalité, remet en cause toute pratique artistique qui n'est pas responsable des conditions de circulation des œuvres mêmes. Dans le cas de Francesc Tosquelles, Mireia Sallarès est liée à l'oubli collectif de ce psychiatre qui, en Catalogne, nous parle aujourd'hui de l'oubli d'un héritage bien plus vaste : celui des expériences révolutionnaires de la République, qui liaient la politique à la psychiatrie, psychanalyse et santé mentale; aussi avec les pathologies de l'homme normal.