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Adieu à l'universel Ricardo Bofill

Adieu à l'universel Ricardo Bofill
Marc Riera barcelone - 24/01/22

Le 14 janvier dernier, Ricardo Bofill, l'un des architectes les plus renommés de notre pays, nous a quittés. Un architecte du monde entier, qui a répandu son talent partout, avec un héritage de plus d'un millier de projets répartis dans 40 pays différents.

Bofill était un architecte visionnaire dès le premier jour. Dans les années 60, sa première expérience, l'Atelier d'Architecture, était déjà une déclaration d'intention sur le caractère provocateur et novateur de son parcours professionnel. Il réunit alors, travaillant ensemble, des architectes, des philosophes, des économistes et des poètes, entre autres, soulignant le rôle important que joue l'architecture dans la construction de la société.

L'entreprise de Bofill est l'un des symboles de l'ouverture de la Barcelone olympique au monde : l'aéroport El Prat, qu'il a lui-même agrandi des années plus tard avec le Terminal 1, un espace élégant, ouvert et lumineux qui s'ouvre sur les pistes et s'étend dans toutes les directions. Toujours à Barcelone, ses œuvres incluent le Teatre Nacional de Catalunya, le siège de l'INEFC et le controversé Hotel Vela.

La maison privée qui a été construite à Mont-Ras est un autre de ses projets les plus novateurs et brillants en Catalogne, avec d'autres utopies construites comme le château de Kafka à Sant Pere de Ribes, le quartier Gaudí de Reus ou les laboratoires de Lliçà de Vall.

En Espagne, la marque de Bofill est sur le Palacio de Congresos ou le parc Manzanares à Madrid, et surtout dans le Pays valencien, où se distinguent la rénovation du lit de la rivière Turia avec les Jardins du Turia dans la capitale Valence et le Mur Rouge de Calpe.

Mais parmi ses travaux, le logement social, "le défi le plus difficile pour un architecte" comme il le préconisait lui-même, était présent tout au long de sa carrière. Le Walden 7 à Sant Just Desvern en est probablement l'exemple le plus significatif, non seulement pour sa beauté, mais aussi pour ce qu'il signifie : un véritable immeuble de logements coopératifs conçu pour les interrelations entre les familles. Une utopie de 1970 qui cherchait de nouvelles façons de vivre et de faire communauté qui est encore aujourd'hui une revendication vivante.

De plus, Bofill a exporté avec succès ce modèle de logement coopératif et social à l'étranger, avec une présence particulière en France et en Algérie. Les Echelles du Baroque, dans le 14ème arrondissement de Paris, et le quartier Antigone à Montpellier en sont de bons exemples. Il en va de même pour la capacité de Bofill à faire en sorte que ses interventions affectent directement le compactage des quartiers et l'aménagement des villes. Et la fonction difficile mais indispensable de l'architecture pour que les gens qui habitent ces espaces se sentent fiers d'y vivre.

L'envers de l'architecture de Bofill est celle des grands bâtiments, comme le siège de Shiseido Ginza à Tokyo, ou celui de Cartier à Paris, ainsi que l'université Mohammed VI à Ben Guerir et Rabat. Sans oublier les deux imposants gratte-ciel qu'il a érigés dans la Mecque des gratte-ciel, Chicago.

L'empreinte de Bofill est immense, impossible à passer en revue sans marcher sur des dizaines de villes. Il fait déjà partie, en majuscules, de l'Histoire de l'architecture catalane. Repose en paix.

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